Modérateur: Modérateurs
Étant anarchistes et fondamentalement antimilitaristes, les miliciens de ces groupes choisirent souvent de s'organiser en colonne. Leur organisation reposait effectivement sur les principes de la démocratie directe : les décisions se prenaient en assemblée et toute hiérarchie militaire était soigneusement combattue. La structure de la colonne reposait sur :• le « groupe » (grupo) ou « peloton » (pelotón) de vingt-cinq hommes était l'unité de combat la plus simple. Les soldats choisissaient eux-mêmes un délégué, révocable à tout moment, chargé de les représenter. Les groupes portaient les noms les plus divers, comme certains groupes bien connus de la colonne Durruti : Los Hijos de la Noche (les « Fils de la Nuit »), La Banda Negra (la « Bande noire »), Los Dinamiteros (les « Dynamiteurs ») ou encore Los Metalúrgicos (les « Métallurgistes ») ;
• la « centurie » (centuria) était le groupement de quatre pelotons, soit une centaine d'hommes, avec un délégué de centurie ;
• le « bataillon » (batallón) ou « regroupement » (agrupación) était composé de cinq centuries, soit cinq cents hommes, et avait son propre délégué élu ;
• la « colonne » (columna) était la somme des regroupements existant. Un délégué général de la colonne était élu.
À la tête de la colonne se trouvait le comité de guerre (Comité de guerra), dirigé par le délégué général de la colonne. Il était chargé de la coordination des opérations de la colonne. À côté du comité de guerre se trouvait le « conseil technico-militaire ». Il était composé des militaires de métier qui pouvaient être présents dans la colonne et avait à sa tête un représentant. Il était chargé d'assister le comité de guerre dans ses décisions.
Cependant, aucun délégué, de quelque rang qu'il soit, malgré sa responsabilité représentative, ne pouvait jouir de quelque privilège attaché à son grade ou d'un commandement hiérarchique.
Puisque la planification centrale a aujourd’hui si peu d’adeptes, je rappellerai simplement ici la critique du marché présentée par les auteurs – mais il faut savoir que leur critique de la première est aussi très sévère. Ils concluent que loin d’être cette institution socialement neutre et efficiente dont on vante les mérites, le marché érode inexorablement la solidarité, valorise la compétition, pénalise la coopération, ne renseigne pas adéquatement sur les coûts et bénéfices sociaux des choix individuels (notamment par l’externalisation), suppose la hiérarchie du travail et alloue mal les ressources disponibles. Lors d’un entretien, Albert m’avouait : « Le marché, même à gauche, ne fait plus guère l’objet d’aucune critique, tant la propagande a réussi à convaincre tous et chacun de ses bienfaits. Je pense pour ma part que le marché est une des pires créations de l’humanité, que sa structure et sa dynamique garantissent la création d’une longue série de maux, qui vont de l’aliénation à des attitudes et des comportements antisociaux en passant par une répartition injuste des richesses. Je suis donc un abolitionniste des marchés – même si je sais bien qu’ils ne disparaîtront pas demain – mais je le suis de la même manière que je suis un abolitionniste du racisme. » Si on accepte cela, il faut inventer une nouvelle procédure d’allocation, de consommation et de production : c’est justement ce que propose l’Écopar.
Au sein des lieux de production d’une Écopar, personne n’occupe à proprement parler un emploi, du moins au sens où ce terme est entendu d’ordinaire. Chacun s’occupe plutôt d’un ensemble équilibré de tâches, lequel est comparable, du point de vue de ses avantages, de ses inconvénients ainsi que de son impact sur la capacité de son titulaire à prendre part aux décisions du conseil de travailleurs, à n’importe quel autre ensemble équilibré de tâches au sein de ce lieu de travail. De plus, tous les ensembles de tâches qui existent au sein d’une société fonctionnant selon l’Écopar seront globalement équilibrés et il arrivera même, dans ce dessein, que des travailleurs aient à accomplir des tâches à l’extérieur de leur lieu de travail. Ce que de tels lieux de travail produiront sera déterminé par les demandes formulées par des conseils de consommation. Chaque individu, famille ou unité, appartient ainsi à un conseil de consommation de quartier ; chacun de ces conseils appartient à son tour à une fédération parmi d’autres, lesquelles sont réunies en structures de plus en plus englobantes et larges, jusqu’au conseil national. Le niveau de consommation de chacun est déterminé par l’effort qu’il fournit, évalué par ses collègues de travail.
Le mécanisme d’allocation consiste en une planification participative décentralisée. Des conseils de travailleurs et des conseils de consommateurs avancent des propositions et les révisent dans le cadre d’un processus qui a fait l’objet d’un travail considérable de la part des créateurs de l’Écopar, qui ont été jusqu’à en construire un modèle formel. Ils y font notamment usage de procédures itératives, proposent des règles de convergence et montrent comment des outils de communication comme les prix, la mesure du travail ainsi que des informations qualitatives peuvent être utilisées pour parvenir à un plan efficient et démocratique. Albert et Hahnel considèrent en fait que leur spécification de cette procédure constitue leur plus importante contribution au développement d’une conception et d’une pratique économique libertaire et égalitaire.
Les assemblées municipales dans un système municipaliste libertaire sont ouvertes à tous. Les citoyens sont informés à l'avance et débattent des sujets lors des assemblées. Les décisions se prennent à la majorité.
Pour les questions touchant une sphère plus large que la communauté (pouvant correspondre autant à la commune, à la municipalité qu'au quartier), elles sont discutées dans des assemblées locales ou régionales, et à un échelon supérieur encore pour les questions plus globales encore. Les personnes assistant à ces assemblées sont des délégués mandatés par les assemblées municipales. Ils doivent rendre des comptes ensuite auprès de leur communauté et leurs décisions peuvent être révoquées. Le pouvoir ne quitte ainsi pas les mains des citoyens, du niveau local.
Le municipalisme libertaire tend à créer une situation dans laquelle les deux pouvoirs, à savoir la confédération de communes libres et l'État-nation ne puissent plus coexister. La structure du municipalisme devient alors la nouvelle structure de la société.
La finance islamique, en accord avec le droit musulman selon de nombreux oulémas, est notamment basée sur l'interdiction de l'intérêt et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concret associé. L’islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l'intérêt (ribâ) ou à la spéculation (maysir). La finance islamique se chiffre à 700 milliards de dollars sur le marché mondial en 20081, a 1300 milliards en 20112,3 et a 1540 milliards de dollars en 20124.
Pour rester dans la légalité islamique, les banques islamiques et les filiales islamiques des banques conventionnelles ont développé des mécanismes juridico-financiers pour contourner l'interdiction du prêt à intérêt (hiyal) et rémunérer l'apporteur de capitaux. Ces derniers se fondent sur des concepts nommés moudaraba, mousharaka, mourabaha, ijara.
La moudaraba permet à un promoteur de mener un projet grâce à des fonds avancés par des apporteurs de capitaux dont la clé de répartition des gains et des pertes est fixée dans le contrat. Les apporteurs de capitaux supportent entièrement les pertes, les promoteurs ne perdant que le fruit de leur travail.
Selon la Banque islamique de développement (BID), c’est une « forme de partenariat où une partie apporte les fonds et l’autre (moudarib) l’expérience et la gestion. Le bénéfice réalisé est partagé entre les deux partenaires sur une base convenue d’avance, mais les pertes en capital sont assumées par le seul bailleur de fonds ».
Son application est modulable dans la mesure où une participation dégressive est envisageable grâce à un instrument technique islamique de financement des projets, fondé sur la « participation au capital » et assorti de différents types d’arrangements pour la répartition des pertes et profits. Les partenaires (entrepreneurs, banquiers, etc.) contribuent aussi bien au capital qu’à la gestion des projets. Les bénéfices sont répartis selon des coefficients préétablis en fonction du niveau de participation au capital.• La mousharaka : les partenaires apportent les fonds, mais seulement l’un d’eux dispose de la charge de la gestion du projet. Concrètement, les banques islamiques ont développé la mousharaka mutanaquissa qui consiste à participer au financement de l’acquisition notamment d’un bien immeuble (d’habitation). Une grande partie des fonds (90 %) est apportée par la banque et le reste (10 %) par le particulier. Le remboursement obéit à un tableau d’amortissement qui comprend, outre le capital principal, les bénéfices tirés par la banque pour cette opération.
• La mourabaha est une double vente, entre un vendeur et un acheteur, par lequel le vendeur achète le ou les biens requis par l'acheteur et le ou les lui revend à un prix majoré. Les bénéfices (marge bénéficiaire) et la période de remboursement (versements échelonnés en général) sont précisés dans un contrat initial. Il s'agit du p« rincipal outil utilisé par les banques islamiques pour prêter de l'argent à leur client, tout en conférant une valeur-temps à l'argent.
Exemple : imaginons un prêteur A et un emprunteur B. B souhaite s'acheter une voiture à 10 000 € mais ne possède pas les fonds nécessaires. Il va donc demander au prêteur A (la banque islamique) de l'aider à financer son achat. Pour cela, la banque A va acheter elle-même le bien souhaité (ici la voiture) puis la revendre à » son client à un prix majoré d'une commission (par exemple 10 500 €). Ce prix sera payable sur un an par l'emprunteur B. B aura pu donc acheter une voiture dépassant ses moyens temporels actuels en ayant recours à un prêteur lui avançant l'argent et l'exigeant majoré à une date ultérieure.
Néanmoins, ce processus ressemble tant à celui de l'intérêt que Tim Kuran estime dans Islam and Mammon qu'il ne s'agit que d'un arrangement cosmétique à l'intérêt. Ici, une banque conventionnelle aurait simplement proposé un intérêt à 5 %, ce qui revient exactement au même pour l'emprunteur (mais pas pour la banque car une banque conventionnelle n'a pas besoin de posséder tout le capital qu'elle prête).
La pratique de la mourabaha a été très controversée dans les premières années de la finance islamique pour ces raisons. Ce qui rend convenable ce système aux yeux de l'Islam est la prise en charge des risques par la banque lors de l'acquisition de l'objet. Le risque (de perte, de casse etc.) est partagé entre le prêteur et l'emprunteur à différents moments. Le problème est bien sûr quand ce « temps » de partage des risques est très faible pour le prêteur. De nos jours, la mourabaha consiste en un temps de détention de l'ordre de quelques minutes par la banque du bien. Dans ce cas, le partage des risques est quasi inexistant et le mécanisme se rapproche considérablement de celui de l'intérêt10.• L’ijara est la mise à disposition d'un bien moyennant un loyer (c'est un équivalent du crédit-bail ou de location avec promesse de vente).
• Un autre aspect de ce contrat est assimilé à une opération de crédit-bail à l'issue de laquelle le titre de propriété revient au bénéficiaire.
• Le sukuk est l'équivalent islamique d'une obligation où l'intérêt devient un profit prévu à l'avance à risque quasi nul. Cette forme d'obligation est particulièrement utilisée pour les financements immobiliers.
• L’istisna est un contrat de construction par lequel le client demande à un constructeur d'édifier un ouvrage payable par l'intermédiaire d'un financier, d'avance, à terme ou à tempéraments, conformément à un cahier des charges.
Il faut un gouvernement qui pourrait réaliser les aspirations des masses en donnant une solution radicale concrète à tous les problèmes en créant un ordre nouveau qui constituerait la garantie de la révolution et de la victoire sur le front. Ce gouvernement ne peut être qu'un gouvernement formé des représentants de toutes les organisations politiques et syndicales de la classe ouvrière, qui se proposerait comme but immédiat la réalisation du programme suivant:1. socialisation de la grande industrie et des transports
2. nationalisation des banques
3. municipalisation des logements
4. formation d'une armée contrôlée par la classe ouvrière
5. constitution d'un corps de sûreté intérieur basé sur les Patrouilles de contrôle et le Corps d'investigation créés par la Révolution.
6. Offensive immédiate en Aragon
7. Réduction des gros appointements
8. Monopole du commerce extérieur
9. Création d'une industrie de guerre puissante, socialisée et rigoureusement centralisée.
10. Nationalisation de la terre, la remettant à ceux qui la travaillent, en leur accordant les crédits nécessaires. Exploitation collective des grandes entreprises et aide économique aux entreprises de type collectif créées au cours de la révolution et qui ont démontré leur vitalité.
11. Lutte implacable contre les accapareurs et les agioteurs par un contrôle rigoureux et direct de la répartition et des prix des vivres.
12. Organisation rapide et efficace de la défense aérienne et maritime de tout le territoire.
13. Convocation d'un Congrès des délégués des syndicats ouvriers et paysans et des combattants, qui établirait les fondements du nouveau régime et élirait un gouvernement ouvrier et paysan qui serait le plus démocratique qu'on ait connu jusqu'à présent, car il exprimerait sans équivoque la volonté de l'immense majorité du pays, et aurait toute autorité pour consolider le nouvel ordre révolutionnaire.
L'EEBEM : et si on rentrait un peu dans les détails !
Organigramme
La détermination des activités économiques (qu'est-ce qui est produit ? consommé ? et par qui ?) est réalisée collectivement. Pour des raisons d'efficacité, on peut cependant envisager des spécialisations. Le schéma ci-dessous rend compte, en particulier, de la répartition des rôles.
La procédure de détermination des activités économiques peut s'analyser en cinq étapes, consistant respectivement à déterminer lesI ressources disponibles
II consommations "désirables"
III activités productives induites
IV niveaux de bien-être
V activités économiques
I Détermination des ressources disponibles
Sont inventoriées les ressources naturelles pouvant avoir un intérêt (quantités totales ou disponibles par unité de temps d'une façon renouvelable), les biens disponibles (déjà produits), ainsi que les compétences de chacun.
II Détermination de consommations désirables
Des consommations sont proposées en fonction de leur intérêt pressenti pour le « bonheur maximum » : soit qu'elles représentent un coût faible (on parlera alors de consommations opportunistes), soit qu'elles représentent un plaisir important (on parlera alors de consommations sollicitées).
Les consommations opportunistes découlent de l'inventaire réalisé à l'étape précédente. Les consommations sollicitées émanent de ceux qui pressentent un bien-être important pour ce qui les concerne.
III Détermination des activités productives induites
Dans ce qui suit, nous appellerons « assortiment » un ensemble de quantités (produites ou consommées). Par exemple: tant de chaises, tant de mètres de ficelle, tant de litres d'eau etc.
Compte-tenu des ressources disponibles, humaines et naturelles, déterminées en I, il correspond à tout assortiment de consommations (extraites de la liste déterminée en II), un assortiment d'activités productives : celui qui lui est juste nécessaire. Il lui correspond également des consommations précises de ressources diverses et des productions précises de sous-produits.
A priori, il peut y avoir plusieurs façons de produire quelque chose. Il s'agira ici, de choisir la plus efficace : minimisation du coût par unité de quantité produite. Par exemple, pour la production d'une petite quantité, on utilise un procédé « artisanal », pour des quantités plus importantes, un procédé « industriel ». Le coût dont il est question ici correspondra essentiellement à une diminution de bien-être total par accroissement de travail pénible mais peut également prendre en compte des effets écologiques négatifs (pollution, consommation importante de ressources...)
Dans le doute, il est possible de conserver, pour les calculs futurs, différents procédés de productions (le plus bénéfique résultera de calculs ultérieurs : en effet, la pénibilité ne peut être parfaitement estimée à ce stade).
La détermination des activités productives (et consommations de ressources) induites, peut se faire par itération en connaissant la « fonction de transformation » de chaque activité productive (en partant des activités de finition vers les activités d'extraction). Pour plus de précisions à ce sujet, voir les « bases mathématiques / viabilité des assortiments ».
À ce stade, sont introduites des limitations des assortiments possibles (qui seront utilisés en V : lors du calcul d'optimisation de la distribution).
D'une part, la consommation d'une matière première devra être écologiquement soutenable, de même que la production de certains déchets (qui sont des sous-produits).
D'autre part, les limites en terme de temps disponible et de compétences disponibles, limitent également la production pouvant être espérée.
IV Détermination des niveaux de bien-être
Il résulte des étapes I, II et III, un ensemble d'activités économiques (de consommation ou de production) susceptibles d'être décidées (collectivement).
Chacun indique, pour chacune de ces activités, son niveau de bien-être en fonction de la durée de l'activité ou de la quantité de certains biens consommés ou produits (par l'activité) : il suffit de disposer d'une unité. Ce bien-être peut être positif (activité agréable) ou négatif (activité désagréable).
Pour simplifier (par réduction du nombre de données), cette fonction individuelle de bien-être pourra être déterminée par trois données seulement.Un seuil de « saturation » : une certaine quantité au-delà de laquelle la satisfaction augmente moins rapidement (ou diminue plus vite).
Un accroissement de bien-être par unité de quantité produite ou consommée inférieure au seuil (accroissement supposé constant). On parlera de « taux d’accroissement de bien-être » : TAB.
Un TAB pour les quantités supérieures au seuil de saturation.
Ces fonctions de bien-être pour les différentes activités ne sont généralement pas indépendantes. Ainsi, il conviendra souvent d'associer des seuils de saturation non pas à des activités précises mais à des groupes d'activités similaires.
Par exemple, en matière alimentaire, si les TAB dépendent de chaque mets (goût, texture...), les seuils de saturation concerneront plutôt des nutriments (besoins physiologiques).
De même, d'aucuns pourront souhaiter une quantité maximum (seuil de saturation) pour un ensemble d'activités sollicitant les mêmes muscles ou un même type d'attention, de façon à gagner en bien-être personnel, en santé et en performance.
Ensuite, les TAB sont normalisés (en vu du calcul de la distribution) de la façon suivante. Il leur est appliqué un changement d'échelle (application d'un facteur constant pour chaque personne) de telle sorte que la moyenne de leurs valeurs absolues (entre toutes les activités) soit la même pour chaque individu (explications ici). Les TAB utilisés n'ont pas pour vocation de représenter un bien-être réel, mais seulement d'être des instruments d'optimisation du bien-être économique (matériel) et de la justice sociale.
V Détermination de la distribution des activités économiques
Il s'agit de déterminer une distribution optimale des activités économiques : qu'est-ce que l'on va produire ? Comment ? Qui va va faire quoi et profiter de quoi ? Cela se fait par maximisation d'une fonction : la fonction d'optimisation du bonheur (FOB).
La procédure est la suivante.
Sont passés en revue tous les assortiments de consommations totales (c'est-à-dire prenant en compte la somme des consommations entre tout le monde, pour chaque type de consommation) satisfaisant aux conditions restrictives vues en III (dernier paragraphe).
Pour chacun, on en déduit un assortiment d'activités productives, grâce à la fonction déterminée en III, et donc, en réunissant le tout : un assortiment d'activités économiques.
Pour chacun de ces assortiments totaux (d'activités économiques), on passe en revue les répartitions possibles entre les individus : « qui fait quoi ? ». Pas toutes cependant : celles pour lesquelles chacun est compétent pour l'activité qu'il exerce. À chacune de ces répartitions correspond une valeur de la fonction d'optimisation du bonheur (FOB). La FOB est une fonction statistique des niveaux de bien-être individuels (inventoriés en IV). En l’occurrence : la valeur moyenne moins l'écart type pondéré par un « facteur d'équité » (qu'il reste à choisir).
Pour chaque assortiment total, on ne retient que la répartition qui maximise la FOB. Puis, reprenant ce processus pour chaque assortiment total, on ne retient que celui qui maximise la FOB (via sa répartition optimale).
On obtient ainsi, un assortiment total optimal et la répartition optimale qui lui correspond.
Soit, pour chaque individu : une certaine quantité des différentes productions et consommations (à produire et consommer).
VI Remarques générales
Cette « prise de décision collective assistée par ordinateur », est réalisée périodiquement, de façon à prendre en compte du mieux possible les évolutions des choix personnels, des ressources, des estimations techniques (de l'étape III) etc.
Pour plus de détails (mais là attention, l'absence de jargon n'est plus garantie, voir :
Bases mathématiques pour le calcul de la distribution optimale
Organigramme pour les bases de données relationnelles
Les développeurs qui voudraient mettre la main à la pâte sont les bienvenus !
Quand Barjavel imaginait le revenu de base
Dans la 2ème partie de son ouvrage « La nuit des Temps » paru en 1968, l’écrivain de science-fiction et journaliste René Barjavel décrit une société utopique dont les membres se voient verser l’équivalent d’un revenu de base en droit de tirage sur les ressources.
Il avait bien analysé que notre productivité serait telle qu’on pourrait séparer le travail et revenu en répartissant les richesses sous la forme d’un revenu de base pour tous. La seule limite qu’il ait trouvée et explorée dans son roman, est l’exigence de l’universalité d’un tel processus car la civilisation qui n’appliquerait pas cette organisation jalouserait et menacerait l’autre. Dans le texte ci-dessous, Eléa, un de ses personnages, a été retrouvée dans un vaisseau caché dans les glaces. Elle raconte comment était organisée sa société :
Chaque vivant de Gondawa recevait chaque année une partie égale de crédit, calculée d’après la production totale des usines silencieuses. Ce crédit était inscrit à son compte géré par l’ordinateur central. Il était largement suffisant pour lui permettre de vivre et de profiter de tout ce que la société pouvait lui offrir.
Chaque fois qu’un Gonda désirait quelque chose de nouveau, des vêtements, un voyage, des objets, il payait avec sa clé. Il pliait le majeur, enfonçait sa clé dans un emplacement prévu à cet effet et son compte, à l’ordinateur, était aussitôt diminué de la valeur de la marchandise ou du service demandés. Certains citoyens, d’une qualité exceptionnelle, tel Coban, directeur de l’Université, recevaient un crédit supplémentaire.
Mais il ne leur servait pratiquement à rien, un très petit nombre de Gondas parvenant à épuiser leur crédit annuel. Pour éviter l’accumulation des possibilités de paiement entre les mêmes mains, ce qui restait des crédits était automatiquement annulé à la fin de chaque année. Il n’y avait pas de pauvres, il n’y avait pas de riches, il n’y avait que des citoyens qui pouvaient obtenir tous les biens qu’ils désiraient.
Le système de la clé permettait de distribuer la richesse nationale en respectant à la fois l’égalité des droits des Gondas, et l’inégalité de leurs natures, chacun dépensant son crédit selon ses goûts et ses besoins.
Une fois construites et mises en marche, les usines fonctionnaient sans main-d’œuvre et avec leur propre cerveau. Elles ne dispensaient pas les hommes de tout travail, car si elles assuraient la production, il restait à accomplir les tâches de la main et de l’intelligence. Chaque Gonda devait au travail la moitié d’une journée tous les cinq jours, ce temps pouvant être réparti par fragments.
Il pouvait, s’il le désirait, travailler davantage. Il pouvait, s’il voulait, travailler moins ou pas du tout. Le travail n’était pas rétribué. Celui qui choisissait de moins travailler voyait son crédit diminué d’autant. A celui qui choisissait de ne pas travailler du tout, il restait de quoi subsister et s’offrir un minimum de superflu.
Les usines étaient posées au fond des villes, dans leur plus grande profondeur. Elles étaient assemblées, accolées, connectées entre elles. Chaque usine était une partie de toute l’usine qui se ramifiait sans cesse en nouvelles usines bourgeonnantes, et résorbait celles qui ne lui donnaient plus satisfaction.
Les objets que fabriquaient les usines n’étaient pas des produits d’assemblage, mais de synthèse. La matière première était la même partout: l’Énergie universelle. La fabrication d’un objet à l’intérieur d’une machine immobile ressemblait à la création, à l’intérieur d’une femme, de l’organisme incroyablement complexe d’un enfant, à partir de ce PRESQUE RIEN qu’est un ovule fécondé. Mais, dans les machines, il n’y avait pas de PRESQUE, il n’y avait que le RIEN.
Et à partir de ce rien montait vers la ville souterraine, en un flot multiple, divers et ininterrompu, tout ce qui était nécessaire aux besoins et aux joies de la vie. Ce qui n’existe pas existe.
La création de l'entreprise
Lors de la création d'une entreprise écoocivique, une simple déclaration suffit en général, comportant le nom et l'objet de l'entreprise ainsi que les noms des personnes participantes, parmi lesquelles au moins un gérant responsable de la création des salaires. L'entreprise est domiciliée, et elle peut immédiatement commencer ses activités.
Dans le cas d'entreprises importantes, nécessitant des outillages lourds ou des infrastructures spécifiques, un dossier prévisionnel doit être créé, et déposé devant les instances compétentes, afin d'obtenir une dotation, correspondant dans le capitalisme au capital d'investissement.
N'avons nous pas dit que l'entreprise n'avait pas besoin de capital pour démarrer? Certes, mais nous avons parlé de capital financier. Il n'empêche que toute entreprise a besoin d'outils pour travailler, et que ces outils représentent un capital matériel, qui existe forcément en quantité finie au sein de la société, et que celle-ci peut estimer que certaines activités lui sont plus nécessaires que d'autres, et ainsi réserver certaines catégories de matériel ou d'infrastructures pour des activités primordiales (par exemple, un appareil d'IRM sera sans doute favorisé comme destination de gros aimants supraconducteurs, par rapport à une application dans le développement de gadgets ludiques). Dans le cas de petites entreprises, c'est le marché et la satisfaction des clients qui décideront si une entreprise doit conserver ses outils ou les rendre, par le jeu de la sanction économique. Dans le cas d'entreprises de taille industrielle, la société conserve, à travers des groupes sous contrôle démocratique, un droit de regard sur la création et le développement de l'entreprise. La société peut ainsi limiter le capital construit confié à une entreprise, selon l'estimation de la pertinence du projet, tel que présenté par ses promoteurs.
En fonction du projet présenté, les instances compétentes au sein du groupe écoocivique accordent une dotation prévisionnelle à l'entreprise, sous la forme d'un calendrier d'acquisition de l'outil de production et des infrastructures nécessaire à l'exploitation.
Le système des dotations remplace définitivement le recours à l'investissement financier capitaliste, et base ses décisions sur l'analyse exhaustive du marché de la production envisagée, et de l'effet de celle-ci sur les quatre capitaux au niveau local et régional. Pour les grosses industries consommatrices de ressources et/ou génératrices de nuisances, un plan à plus vaste échelle peut être défini par concertation entre groupes écoociviques voisins, afin de limiter les effets de redondance et le gaspillage. De la même manière, des pôles industriels pourront être planifiés, selon le degré de compatibilité ou de complémentarité des industries (par exemple, une papeterie, grosse consommatrice d'eau chaude, sera préférentiellement dotée, si elle décide de se placer près d'une usine générant un important flux d'eau chaude comme "déchet", par exemple une centrale électrique ou un laminoir).
Dans tous les cas, les règles de la gouvernance écoocivique s'appliqueront, et en particulier le fait que la production locale à partir de ressources locales devra toujours être favorisée, sauf à prouver un bénéfice certain par économie d'échelle (c'est le cas des très grosses industries évoquées ci-dessus).
Comment décider dès lors si une entreprise doit proposer un dossier de dotation ou non? De ce point de vue, c'est très certainement la pratique qui, au sein de chaque communauté écoocivique, décidera du seuil d'investissement en capital matériel au delà duquel il est nécessaire que la communauté ait un droit de regard. Ce seuil variera d'un groupe à l'autre en fonction de son dynamisme économique, sachant que plus les entreprises viables sont nombreuses, plus l'activité économique est florissante, et plus le groupe peut se permettre d'encaisser des fermetures avec de forts passifs sans souffrir. Un tel groupe sera donc susceptible de rehausser significativement le seuil d'investissement nécessitant une demande de dotation, ce qui lui permettra par là même de de favoriser l'innovation et la prise de risque.
Lame a écrit :J'espère que tu as apprécié le modèle du Marxisme du Bien.
Kitsuki Jitsuma a écrit :Sans décrire un système en soit, je me demande où produire ?
Je viens de finir un des romans de David Weber dans la série sur Honor Harrington et je m'interrogeais sur le choix de l'auteur de considérer que le meilleur endroit pour placer son industrie, dans un Empire Galactique, c'est en orbite des planètes...
Si on considère que la production est particulièrement robotisée, alors la main d’œuvre n'est pas vraiment une contrainte. Hypothèse qui dépends du niveau technologique du système solaire en question...
On peut aussi regarder l'approvisionnement et les matières premières : les d’astéroïdes ou les planètes minières semblent être une zone plus indiquée.
Mais si on pense en terme de débouchés et de clients alors la production en surface est peut être préférable.
Kitsuki Jitsuma a écrit :Sans décrire un système en soit, je me demande où produire ?
Kitsuki Jitsuma a écrit :Je pense à un autre auteur bien moins connu, Ivan Kal, dans son Empire Galactique, dans un premier temps une société finit par obtenir le monopole absolu et tout le monde devient employé.
Kitsuki Jitsuma a écrit :L'Empire en question dispose d'un énorme avantage grâce à une sorte de super imprimante 3D capable de tout produire,
Kitsuki Jitsuma a écrit :du coup pour faire le lien avec mon premier paragraphe, on peut imaginer "imprimer" le bien là où on en a l'usage.
Kitsuki Jitsuma a écrit :Sans décrire un système en soit, je me demande où produire ?
Je viens de finir un des romans de David Weber dans la série sur Honor Harrington et je m'interrogeais sur le choix de l'auteur de considérer que le meilleur endroit pour placer son industrie, dans un Empire Galactique, c'est en orbite des planètes...
Kakita Inigin a écrit :Pourquoi ? Si la téléportation copie les organismes, elle copie aussi les micro-organismes.
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